Brantigny Monographie de 1889
Brantigny (Brantignium) village de l’ancien duché de Lorraine sur le versant de la montagne des Hauts Fays près du ruisseau de Colon, à 26 kilomètres d’Epinal, 12 de Mirecourt chef-lieu d’arrondissement et 4 de Charmes chef lieu de Canton.
Avant la Révolution, Brantigny était du diocèse de Toul, archidiaconné de Voges, doyenné de Jorxey. C’était le chef lieu d’une paroisse de laquelle dépendait Ubexy, Evaux et Varmonzey et qui était administré par un prêtre noble.
L’église actuelle et le presbytère ont été fondés en 1714 par M Goudron curé de Brantigny. L’ancienne église était à Dommartin sur Colmey.
Aucune Abbaye, aucun prieuré n’existait sur le territoire de la communauté.
L’abbé de Moyenmoutier, patron, avait la moitié des grosses dîmes, le curé, l’autre moitié et la totalité des menues, telles que raisins, pois, fèves, chanvre, lin, millet, chènevis, agneaux,laine et cochon de lait.
Le bouvrot consistait en trente neuf jours de terre (environ 8 hectares), trente fauchées de prés(6 hectares), trois jours et demi de vignes (70 ares) et une chènevière.
Les seigneurs étaient son Altesse Royale et l’Abbé de Moyenmoutier.
Les chapelles de Notre Dame; de Saint Jacques et de Saint Jean avaient pour patron le Curé. Le revenu était de six imaux de blé (96 litres) qui se prenaient sur un fonds de 2 hectares de terre et 50 ares de chènevières.
DÉPENDANCES
1) L’église champêtre de Dommartin avait pour revenu toute la menue dîme et la moitié de la grosse sur une ferme dont le propriétaire reçoit aujourd’hui plus de 5000 fr de fermage annuel. L’Abbé de Moyenmoutier ou le Prieuré de Belval avait l’autre moitié.
2)A Evaux, il y avait une chapelle sous l’invocation de Saint Césaire fondée par Demange LHote qui donna un gagnage de 45 jours de terres, 2 fauchées et demi de près et six jours de jardins (au total près de 11 hectares). Moyennant le revenu de ces terres, le curé de la paroisse devait non seulement le service de la chapelle, mais il était chargé aussi d’enseigner les enfants d’Evaux.
Ces deux dépendances relevaient, quant au temporel, des sieurs de Tilly et du chapitre de Remiremont.
3)A Ubexy, il y avait une église annexe de Dommartin. Cette localité relevait du Seigneur du lieu, e Sieur de Tolly qui tirait seul la dîme dans les contrées de la Tarpe et du bois banal. Il y avait là une chapelle castrale.
Le curé avait de plus avec le prieuré de Belval un quart de la dîme du Ménil qui était de la paroisse de Gugney aux Aulx. Cependant il devait payer chaque année un résal de froment (120 litres) pour droit de garde. Avant la Révolution, la population était pauvre. Les cultivateurs n’étaient que fermiers ou métayers. Cependant le chiffre de la population s’élevait au village de Brantigny seulement à 240 habitants. Les 4/3 de ce qu’elle est aujourd’hui.
ETAT DES TERRES :
Une grande partie des terrains communaux servaient de pâturages communs aux troupeaux du village et le droit de pâture et de glandée existait dans les forêts de la communauté.
La terre n’appartenait pas aux habitants, mais bien aux classes privilégiées et à des propriétaires étrangers à la commune.
Le relevé de la vente d’une partie des biens nationaux du territoire de la communauté donne une idée de la valeur des propriétés de l’époque de la Révolution. Les acquéreurs de ces biens furent presque tous étrangers à la communauté.
ADMINISTRATION
Si, pour le spirituel la paroisse comprenait les villages de Brantigny, d’Ubexy, d’Evaux et de Varmonzey, pour le temporel chaque localité avait ses intérêts particuliers et sa municipalité et dépendaient du bailliage de Voges, prévôté de Charmes, coutumes de Lorraine.
INSTRUCTION
Il y avait une école dans chacun des villages de Brantigny, d’Ubexy et d’Evaux.
En 1789, Joseph FRANCOIS était maître d’école à Brantigny. Il n’est pas fait mention de ses revenus dans les archives communales.
Il existe des signatures de Régents d’école dans les registres de l’état civil depuis l’année 1701, et l’instruction paraitrait avoir été assez répandue, puisqu’en 1789, sur 50 signatures qui figurent aux registres de l’état civil de cette année on ne peut relever qu’une seule croix, et cette croix a été apposée par une personne étrangère à la communauté.
AGRICULTURE - INDUSTRIE - COMMERCE
Les terres généralement mal cultivées, rendaient peu. Au lieu de 15 quintaux à l’hectare, on récoltait 10 quintaux de blé et le reste à l’avenant.
Les principales cultures étaient celles des céréales, des légumes secs, du chanvre, du lin, de la vigne.
Quant au salaire des ouvriers, on cite encore comme exemple, las longues journées du batteur en grange.. Il gagnait 6 sous pour un travail qui durait de 2 ou 3 heures du matin jusqu’à 7 ou 8 heures du soir.
Le petit moulin de Brantigny était connu dans la région pour la bonne qualité de ses produits, sinon pour la quantité : une paire de meules seulement.
La population féminine était de même qu’aujourd’hui occupée par l’industrie de la dentelle, ressource précieuse pour les familles pauvres.
Aucun commerce que celui des produits agricoles encore était-il peu important, vu l’exiguïté du territoire, mais la proximité de Charmes facilitait l’écoulement de l’excédent, malgré le mauvais état des chemins.
Brantigny le 26 février 1889
L’instituteur
TACHET